• L’obligation d’informer se situe dans l’éthique médicale, mais elle est plus explicite dans le Code de déontologie
25/10/2006 : En Tunisie, la situation sur l’état de l’information entre le médecin et le patient interpelle tous les intervenants dans ce secteur qui associent, à la fois, un secteur étatisé et un secteur de libre entreprise ou privé.
De quelle façon les pratiques de l’information du patient ont-elles évolué ? Quelles sont les dispositions au niveau de la loi ? Le médecin ne s’abstient-il pas de transmettre l’information sciemment au patient le considérant, de ce fait, comme mineur ? Y a-t-il une différence de qualité de l’échange entre les secteurs public et privé ?
Pour des raisons pratiques, nous avons été amenés à réaliser cette enquête à l’hôpital Habib-Thameur sis à Montfleury, dans deux services différents, à savoir ceux de l’anesthésie réanimation et de la chirurgie pédiatrique.
Dans un couloir exigu et pas du tout adapté, se trouve le service d’anesthésie réanimation. Il est dirigé avec la plus grande rigueur par le jeune Pr. Kamel Ben Fadhel.
Le bloc abrite certains cas de traumatismes graves, parfois de décès imminent, de diagnostics fâcheux et même d’amputations.
Interrogés sur l’état de santé de leurs proches, les uns comme les autres déclarent être sans nouvelles. «Ma mère est admise dans ce service depuis quelques jours. Elle est âgée et handicapée. Je n’ai pas eu la moindre explication sur son état de santé», révèle une visiteuse.
Les cas victimes d’agressions sont également monnaie courante dans ce service. «Un jeune de 27 ans a été poignardé en plein cœur. Il est mourant», nous fait savoir le Pr. Ben Fadhel. Et de poursuivre : «Nous avons informé ses parents. Nous y sommes tenus».
Dans la salle d’attente, une foule a envahi les lieux. Il s’agit de la famille proche et éloignée du jeune agressé. Effondrée, la mère espère encore une transplantation du cœur. Comment peut-on maintenir l’espoir dans le cœur d’une mère ? Et faire black-out sur l’information ?
Le Pr. Ben Fadhel, qui assure toutes les consultations d’anesthésie à tous les malades de l’hôpital, déclare informer le patient sur les complications de l’anesthésie et sur la douleur. «Il existe deux cas de figure. Lorsque le patient est conscient, nous l’informons avec une technique vulgarisée et un concept de réhabilitation post-opératoire. Lorsqu’il s’agit d’un malade comateux, l’équipe médicale choisit le parent le plus proche, à savoir le tuteur, l’ascendant ou le conjoint pour le mettre au courant».
Concernant les amputations, le professeur Ben Fadhel nous fait savoir que le malade ou le tuteur signe un formulaire qui autorise l’équipe médicale à pratiquer l’amputation. «Le niveau d’amputation est indiqué aux malades, souligne-t-il, et de poursuivre : «Informer est secondaire par rapport au traitement du malade. Parfois, on est amené à amputer le membre entier pour assurer une meilleure prothèse.»
Les consignes qui émanent du Conseil de l’Ordre des médecins tendent vers l’information du patient sur son état de santé, nous fait savoir encore le Pr. Ben Fadhel. Mais ces consignes sont-elles pour autant respectées ?
Le service d’anesthésie réanimation est dépourvu d’une cellule d’écoute et de soutien puisque l’hôpital fonctionne avec une seule psychologue pour tous les services. «Il faut savoir écouter la famille, bien l’informer et lui donner du temps», tels sont les propos du chef de service. «La confiance s’établit en expliquant. C’est le gage d’une bonne relation médecin/patient», conclut-il.