Le mois saint s’achèvera dans quelques jours, et laissera malheureusement comme d’habitude beaucoup de dégâts derrière. Malgré la régularité du ravitaillement et l’abondance de l’offre (82 000 tonnes de produits alimentaires épuisées en 3 semaines) les commerçants ont encore une fois appliqué leur loi. Au final, certains se sont emparés de quelques produits pour ensuite les vendre à des prix exorbitants commettant ainsi d’innombrables infractions. Victime désignée et non moins coupable : le consommateur.
Les équipes de contrôle économique ont effectué au total lors des trois premières semaines du mois saint, 80 000 visites de contrôle. Résultat : 8 500 infractions dont 3 100 dans le secteur des fruits et légumes. Ce qui est tout a fait normal, vu l’ascension fulgurante des prix de ces produits au cours de la première quinzaine du Ramadan. L’explication des commerçants ? « Tout le monde profite de l’occasion. Nous aussi on veut notre part du gâteau » Edifiant.
Au-delà des procès verbaux contre bon nombre de commerçants dont les dossiers seront soumis à un suivi rigoureux, il faut signaler les ordres de fermeture de 220 commerces ayant pratiqué des fraudes. Les propriétaires sont ceux qui ont exagérément augmenté les prix de leurs marchandises et dont la majorité sont récidivistes. Cette mesure de fermeture concerne plus particulièrement les bouchers, vendeurs de volailles, fruits et légumes.
Les salons de thé y passent aussi
D’autre part, bon nombre de salons de thé qui se transforment chaque mois de Ramadan en espaces de détente et de spectacle n’ont pas échappé à la vigilance du contrôle économique.
Les principaux coupables sont ceux qui se situent dans les endroits « huppés » de la capitale. En effet, 80 rapports ont été rédigés contre les salons qui ont commis des infractions. La plus connue des infractions, est celle qui consiste à facturer aux clients un spectacle qu’ils n’ont pas demandé à voir. Sans oublier les rapports concernant la vente conditionnée, toujours de mode en ce mois saint. Les brigades de contrôle économique ont aussi demandé aux propriétaires de ces espaces d’être transparents et raisonnables quant à la fixation des prix.
Le rythme des opérations de contrôle s’intensifiera lors de ces derniers jours du Ramadan où le Tunisien reste rarement chez lui. Les concernés sont désormais avisés.
Les vêtements sont hors de prix
Les vêtements inaccessibles
Exit la saison estivale, la rentrée scolaire, et les premières semaines du Ramadan, voici le énième casse tête que les parents doivent résoudre en si peu de temps : l’achat des habits de l’Aïd. Les boutiques de vêtements et de chaussures débordent d’acheteurs potentiels.
Les commentaires de la majorité des visiteurs ? : « Mais c’est incroyable » « C’est de la folie » « Il me faudra un autre prêt » « Il vaut mieux ne pas se marier… » Les pères de familles sont bouche bées devant l’explosion des prix.
Ils cherchent tous une solution pour sortir du tunnel. Une des parades des dernières années était de trouver des vêtements de qualité correcte et qui s’approcherait le plus possible de leurs bourses. Cette saison, la musique a changé. Bien sûr pour le bien des commerçants, sans scrupules. Pourquoi les bouchers, les vendeurs de fruits et légumes… et pas eux?
Exemple : Il faut en moyenne 25 dinars pour des chaussures de bébé et 30 dinars pour les petits enfants, pour un produit qui tiendrait à peine quelques semaines après l’Aïd.
Pour un enfant qui a entre 8 et 12 ans c’est encore pire. Habiller son enfant avec des produits moyens et bas de gamme n’est pas donné à tout le monde. Une tenue d’une quelconque qualité coûte en moyenne 150 dinars : 30 dinars pour les souliers, 30 pour un pull et entre 60 et 70 dinars le pantalon, en plus des chaussettes et les tricots de peau.
Pour une famille composée de deux enfants, il faut donc débourser au moins 300 dinars où trouver refuge dans le marché parallèle et acheter la camelote.
Les commerçants expliquent cette envolée des prix par leurs charges trop élevées. Location, salaires des vendeurs, impôts…et excluent ainsi toute thèse de profit. Ils ont pourtant les mêmes charges que tout le reste de l’année. Pour le consommateur, une fois l’Aïd passé, la première urgence sera désormais de mesurer son taux d’endettement. Et, pour boucher les trous, il faudra encore davantage s’endetter.
En conclusion, les années se suivent et se ressemblent. Beaucoup de questions se posent: Pourquoi on revit toujours les mêmes scénarios ? Pourquoi beaucoup récidivent ? Les sanctions ne sont elles pas assez sévères ? L’ODC devra mettre en place un système de prévention plutôt que de venir toujours en pompier. Reste après aux consommateurs de prendre leurs responsabilités.